054

Le télétravail  reste encore un fantasme aujourd’hui pour la plupart de ses détracteurs, dirigeants d’entreprise ou salariés, qui ne le connaissent pas et préfèrent le rejeter. Or, il est évident que dans certains cas, cette façon de travailler devient vite salutaire. Nous avons rencontré des chefs d’entreprise qui n’ont pas hésité à franchir le pas en toute connaissance de cause.

 

Michel Boutin est le responsable studio graphique et Pascal Iranzo assure le développement commercial au sein de leur agence de communication Autrement dit  sur la zone industrielle de Sisteron. Ils l’ont créé en 1997 et comptent aujourd’hui quatre salariés. Ils ont l’habitude de travailler avec des graphistes indépendants qui travaillent pour eux à distance. Ils ont bien voulu répondre à nos questions.

 

Il y a longtemps que vous connaissez le télétravail ?


Oui, et cela se pratique souvent dans notre métier où il y a beaucoup d’indépendants.

 

Combien de personnes travaillent en télétravail ?


Il y a Luc qui habite loin d’ici et travaille à plein temps de chez lui et Juliette qui vient juste d’avoir un bébé et qui travaille deux jours par semaine de son domicile. Nous travaillons également avec des graphistes indépendants à qui nous transmettons les commandes et nous les retournent sans qu’ils se déplacent. Tout se fait à distance par Internet. Pour nous, cela fait partie du métier et c’est naturel.

 

En ce qui concerne les salariés, qui a fait la demande ?


C’est Luc qui l’a souhaité car il faisait beaucoup de trajets. Il se sentait capable de le faire et nous avons accepté car nous savions que nous pouvions lui faire confiance.  Ca dure depuis 2007. Pour Juliette, c’est un peu plus par commodité pour l’instant parce qu’elle vient d’avoir son enfant, mais elle ne souhaite pas que ça se prolonge. Elle n’est pas sûre d’elle.

 

Nous sommes dans une région où les surfaces sont grandes et où il y a beaucoup de distance à parcourir dès qu’on doit se déplacer. Les entreprises de presse comme les agences de communication ou les imprimeries ne sont pas nombreuses dans nos départements. Le bassin de l’emploi est restreint. Si l’activité le permet, pourquoi ne pas encourager le télétravail ?

 

Quelles sont les conditions pour que ce type de « contrat », si on peut dire, s’installe ?


Il faut beaucoup de confiance de part et d’autres, de l’organisation et de la rigueur pour cloisonner la vie personnelle et la vie personnelle et ne pas se laisser envahir ou distancer. On peut facilement se laisser dévorer par le travail. Tout le monde ne peut pas faire ça. Certains ont la naïveté de croire qu’on peut travailler n’importe quand, ce qui est faux. La régularité est indispensable.

 

Qu’est-ce qu’il a fallu modifier pour qu’il puisse travailler de chez lui ?


On a  installé du matériel et une ligne téléphonique professionnelle pour Luc. Il est en contact direct avec les clients et il a un certain savoir-faire dans ce domaine. On ne peut plus gérer les heures, mais on est en attente de résultat. On est tout de même souple en général dans l’entreprise. Les choses fonctionnent plutôt bien, à condition qu’il y ait de la réciprocité. Nous faisons un métier stressant, les délais sont courts, et nous tenons au bien-être de nos employés. En acceptant que Luc travaille à distance, c’était aussi dans son intérêt et nous n’avons pas remis en cause son poste.

 

Vous avez constaté des avantages dans le télétravail ?


En dehors du fait que cela apporte un réel confort de travail pour le télétravailleur qui a la capacité à travailler à distance, c’est un plus pour l’environnement. On a calculé que sur une année, Luc a économisé 26 000 kilomètres de route sur cinq jours par semaine et Juliette 6 000 kilomètres sur deux jours par semaine. Ce n’est pas rien !

 

Merci, Michel Boutin et Pascal Iranzo, d’avoir répondu à nos questions.

Retour à l'accueil