IMG_3671.jpg

 

 

Sisteron déroule ses rues qui se croisent et se recroisent inlassablement. Les andrones protègent les amours naissantes et calfeutrent les étreintes. Paul Arène à la plume sisteronaise disait : « C'étaient là les couverts, abris précieux pour polissonner les jours de pluie ». Les jeunes dévalent les marches et les remontent aussi vite alors que les anciens ont la sagesse de leur âge. Elles s’enfoncent sous les maisons aux murs lourds et épais, mystérieuses de leur passé. Claires et rassurantes ou sombres et inquiétantes, elles attirent la curiosité de celui qui imagine les vies passées, les milliers de talons qui ont fait tinter le sol. Combien de pieds les ont parcourus sans y penser, emportés par leurs propriétaires et leur vie ?

 

IMG_3718.jpg

 

J’imagine des femmes tenant d’une main leur enfant trainant de mauvaise grâce, la moue boudeuse, et le panier dans l’autre, empli de victuailles. J’imagine des hommes courant en uniforme, sautant et dévalant les marches. J’imagine des grands-mères au tablier usé, un chapeau aussi fatigué qu’elles couvrant leur visage ridé. J’imagine des jeunes gens au regard rêveur et perdu avancer à un rythme incertain. J’imagine une vie grouillante au long des décennies qui s’écoulent au gré d’un temps toujours trop rapide. Les andrones traversent la ville comme l’histoire l’a fait, poursuivant leur chemin sans se retourner.

 

Retour à l'accueil