Les arbres se sont habillés de rouge et d'or.

L'air est doux. Pas de bruit, la nature s'endort.

Une odeur de terre s'élève : c'est l'automne.

Les dernières roses des jardins m'étonnent.

Un couple s'avance vers moi à petits pas,

Serrés l'un contre l'autre, se donnant le bras.

Las, s'appuyant sur sa canne et sur sa femme,

les yeux délavés du mari balaient le sol.

Sa femme, tendrement, lui remonte le col.

La vie et les années ont pesé sur leurs corps.

Le dos courbé, main dans la main, encore,

Ils s'aiment d'un amour éternel. Ensemble,

Malgré le temps qui passe et le corps qui tremble,

Leurs regards fatigués se croisent sans un mot.

Avec leurs rides et leurs cheveux blancs, si beaux,

Je me surprends à les envier. Ils s'aiment.

Et moi, tandis que le temps court et me sème,

Je les croise d'un pas rapide et résolu.

Alors que je me retourne et ne les vois plus,

Je songe à ce jour tragique et intraitable

Où s'envoleront ces deux inséparables.

Qu'importer de posséder et de paraître.

Le bonheur, ce n'est pas avoir, mais être.

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