« Je suis comme je suis, j’aime celui qui m’aime », écrivait Jacques Prévert dans une poésie douce et nature. Droite sur scène sur laquelle elle est seule, dans une tenue des années 60, elle déclame cette ode à la liberté, l’amour libre et le droit à être soi-même. Elle est jeune et la vie l’attend. Elle joue à être elle, mais elle est surtout elle et non pas une autre.

Je suis ce que je suis, je suis comme je suis. Aimez-moi comme je suis ou passez votre chemin. Je suis jeune et libre et je veux être moi. Je veux courir vers l’avenir et être heureuse comme j’en ai envie. Je ne veux pas porter vos bagages, je veux remplir les miens comme cela me plaira.

A quoi rêve-t-elle le soir dans son lit, dans le silence de la nuit ?

Petite sauvageonne aux cheveux dénoués qui coulent sur sa nuque et devant ses yeux, elle danse pieds nus sur le sol de sa chambre. Elle se déhanche et hurle des paroles qu’elle invente au gré de ses envies et de ses humeurs.

Elle caresse les mots, les apprivoise et les noue entre eux avec les rubans qui s’échappent de ses coiffures aussi indisciplinées qu’elle.

Ses mains forment des figures géométriques invisibles dans l’espace. Personne ne peut l’attraper, elle ne veut pas être emprisonnée dans un monde qui ne lui ressemble pas et dans lequel elle ne trouve pas de place.

A quoi rêve-t-elle le soir dans son lit, dans le silence de la nuit ?

Elle court le long des ruisseaux et se couche dans l’herbe épuisée, le souffle court et la poitrine qui monte et descend pendant que son cœur bat la chamade et tente de sortir. Elle éclate d’un rire argenté comme les ruisseaux qu’elle ne peut pas discipliner. Elle leur invente des chemins invraisemblables et leur jette les cailloux qui blessent la peau fragile de ses pieds pour tenter de briser leur course.

La vie ne peut la dépasser, elle ne veut rien perdre et tout vivre à la fois.

A quoi rêve-t-elle le soir dans son lit, dans le silence de la nuit ?

Elle rêve que des ailes poussent dans son dos. Elle rit d’exister et de respirer, elle est heureuse d’être là, d’être dans le monde. Elle rêve que la pluie glisse sur sa peau et que le soleil brûle l’air de l’été. Elle rêve que la neige tisse une couverture immaculée. Elle rêve que les fleurs s’ouvrent aux abeilles et aux papillons. Elle rêve… et grandit pour ne plus avoir à rêver et agir afin de se sentir toujours vivante.

©FrançoiseLATOUR

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