Ceux qui ne savent pas où ils vont savent-ils d’où ils viennent ? Le verre que tu tiens dans la main t’apporte-t-il l’espoir où le courage de ne pas te regarder en face ? Qui es-tu ? Et toi, sais-tu qui tu es ? Le bruit du liquide qui coule de la bouteille fait monter la salive dans ta bouche et tu souris déjà à l’idée de descendre dans un monde sans lumière, le monde de tes cauchemars qui activent ta haine.

 

L’enfant qui n’est pas de toi n’a pas le droit d’exister. Il respire ton air et mange tes revenus. Il bouge, ses yeux s’ouvrent et sa bouche parle ? Il joue et t’agace. Il se déplace et t’énerve. Il espère de l’affection et tu ne le supportes pas. Tu n’as rien à lui donner, le pauvre innocent. A toi, on t’a donné quoi ? Jamais d’amour, c’est là ton excuse, n’est-ce pas ? Tu es plus grand et plus fort que lui et ça te donne l’impression d’avoir le pouvoir. Tu es à la limite et tu le sais. Et tu te sens grisé comme lorsque l’alcool qui brûle tes veines fait monter en toi la sensation d’une puissance insoumise aux règles.

 

Comme tu te sens fort ! Tu es un homme et personne ne moufte ! Ta femme ? Pfff ! Elle n’est bonne à rien, ne sait rien faire comme il faut. Elle tremble lorsque tu te tournes vers elle, elle a peur lorsque tu te souviens qu’elle est là…  Oh ! Tu ne la touches pas, tu sais que tu lui fais peur et ça, c’est bien meilleur à tes yeux… Elle a peur parce que tu es toujours en colère. Ton regard plonge dans le sien et la pétrifie comme une morte. Tu es Méduse et tu la transformes en statue de pierre. Tu fais régner ta loi et tout le monde le sait autour de toi. Mais personne ne dit rien. Parce qu’on ne sait jamais… Tu fais peur et tu en es fier. Tu te sens un homme.

 

Tu es un homme, en effet. Tu es un homme parce que c’est ainsi que la nature t’a fait. Tu es un homme comme un chien est un animal. Et la vie t’a faite sans amour, sans émotion et empli de haine. Le mépris que tu affiches pour les autres, tu le craches toi-même à ton visage. Tu n’as pas eu le courage de rompre la chaîne et ton passé t’emprisonne. Tu es un homme ? Porte ton verre à tes lèvres et trinque à ta santé, tu es un homme… seul… et sans dignité…

 

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