Les gouttes de pluie tombent sur la terre qui les boit avec reconnaissance. Ses lèvres craquellent et sont desséchées. La poudre de sable qui couvre son visage tressaute sous le poids de l’eau jusqu’à finir par coller. La végétation est  pâle et transparente. Les feuilles s’agitent et ploient sous la violence de l’eau. Les oiseaux se taisent et se blottissent, les plumes ébouriffées et l’œil rond.

 

Les larmes du monde tombent sur la terre qui les reçoit dans le silence. Elles deviennent si rare… est-ce à dire qu’il n’y a plus de chagrin ? Ou qu’il n’a plus la force de s’émouvoir. Que peut-on dire d’un monde où règne la douleur et le chagrin alors qu’il n’y a plus de compassion ni de solidarité… Que dire d’un monde où les enfants sont tués par des hommes aveuglés par leur certitude, où les enfants s’entretuent pour un mot dit de travers… Que dire d’un monde où les femmes sont tuées et violées, quand ce ne sont pas encore une fois les enfants… Que dire d’un monde où l’argent est le seul Dieu à adorer… Que dire d’un monde où la passion s’est éteinte… Que dire d’un monde qui ne sait plus voir la beauté qui finit par s’étioler comme un être sans amour…

 

Le soleil est revenu et la force de ses rayons étouffe la terre et ses habitants. Le Roi Soleil  règne désormais en Maître absolu. Râ est triomphant, mais combien de temps ? Car tout comme le Ying et le Yang, la complémentarité forme un tout. Enlevez-lui son opposé et il lui manquera un œil pour regarder les autres.

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