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Le chien reste en attente et guette le moindre bruit. Lorsque l’enfant bouge et parle d’une voix inaudible, son regard vrille et sa queue tressaille dans l’attente d’une danse folle. La chambre est sombre et l’atmosphère de la maladie la rend poisseuse.

 

Il est couché en travers de la porte et refuse d’en bouger. Il faut l’enjamber pour pouvoir entrer et sortir de la chambre. Une personne a failli trébucher sur son dos. Ses yeux noirs ont perdu leur éclat. Les paupières sont tombantes. Ses mâchoires serrées sont prises entre ses pattes.

 

La tante se plaint et râle, demande à ce qu’on le fasse sortir. Personne ne veut cependant le déplacer. Quelqu’un a pourtant tiré sur son collier, mais en vain. Il se fait lourd et préfère se laisser étrangler plutôt que de quitter son poste. Parfois, un sanglot en soupir s’échappe de sa gueule. Il est immobile depuis des heures.

 

Il a suffit d’un moment d’inattention pour qu’il se glisse au pied du lit, le ventre presque rasant sur le sol. Il gémit en douce et arrondit son dos. Il ne sait plus comment se tenir, se sent en faute. Il pose sa truffe sur le lit et regarde avec attention et amour son petit maître qui lui manque tant. Il lui donne à la hâte un petit coup de museau dans le bras qui repose. « Je suis là et je t’attends. Dépêche-toi de guérir ! On a encore beaucoup de jeux à faire,» semble dire ses yeux sombres.

 

Lorsqu’on l’aperçoit, des chuchotements agacés l’interpellent. Il prend à droite et à gauche d’un mouvement saccadé et file entre les jambes de la maman qui le houspille avec tendresse. L’ami de toujours, l’ami d’enfance, le chien fidèle attend la guérison de son petit maître.

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