Mon cœur de naufragé ne bat plus tout à fait pour vivre, mais pour subsister. Je cherche tous les moyens pour gagner de la thune. N’importe quoi ! Tout est bon ! Il me faut un peu d’argent pour acheter de quoi entrouvrir le Paradis. Une fois quelques billets en main, il ne me reste plus qu’à traîner là où les revendeurs de poison rôdent. Il est tard, le soir tombe. Ils sont là à guetter leurs proies qui se sont faites piéger. Mes mains tremblent, mon corps a froid, la fièvre commence à monter. Vite ! Je viens de trouver le dealer que je cherche ! Il me connaît bien, on se connaît tous. Il sait ce que je veux. Je tends discrètement la main qui serre l’argent sans qu’on le voie dépasser. Il en fait autant. L’échange se fait très vite.

Enfin ! Il ne me reste plus qu’à m’enfuir dans mon trou à rat. Je vis avec des compagnons d’infortune dans un squat. C’est crasseux et moche, on s’entasse les uns sur les autres. On se tient chaud, on ne se voit même pas. On ne se regarde jamais. Nous sommes tous des morts-vivants que la société n’a pas su retenir. La douleur devient insupportable, il faut vite que je l’arrête ! Mes mains tremblent de plus en plus, mes gestes s’en ressentent. Je m’énerve. Enfin, dans l’indifférence, je nourris ma souffrance… Je ne sais plus si je suis au Paradis ou en Enfer, mais ce que je sais, c’est que je suis en train de mourir et que je fais peur. Et que rien ne peut me retenir de crever parce qu’il n’y a rien qui me donne envie de me battre…

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